Maya Berezowska

Elle s’intéresse en particulier aux rapports entre l’être humain et le végétal, à des phénomènes dans la nature qu’elle trouve à la fois poétiques ou politiques, préférant le vivant aux choses mortes.
Ses premiers outils sont ses mains et des ouvrages de botanique.
Bien que la routine lui fasse peur, elle travaille en série en essayant d’y trouver à chaque fois quelque chose de différent.
Elle aime l’idée du conteur, de l’artiste qui transmet une histoire.
Se sentant loin de l’art numérique, elle utilise beaucoup la céramique et le dessin, de façon très formelle, pour y trouver une dynamique.
Elle apprécie le rythme, la cadence que lui impose la céramique : la terre que l’on doit garder humide pendant le travail.
Dans Lexique des limbes elle réalise une série de céramiques en faïence blanche. Ce sont des feuilles de formes, de tailles et de hauteurs différentes, pour voir chaque feuille sous un autre angle, plus épaisse et lourde que fine et aérienne.
Il est question de temporalité, de ce qui est irréversible et n’appartient qu’au temps. La question du temps est importante dans son travail. Il lui arrive d’enregistrer le bruit de graines en train de pousser et d’utiliser un résonateur. Dans Connexions, vingt semences non hybrides, de plantes rares ou en voie d’extinction, sont cultivées, photographiées et présentées.
Les travaux de Simon Starling, Candice Lin et Herman de Vries l’attirent.
Elle travaille sur Canopée, une installation. En botanique c’est l’étage supérieur de la forêt (quelques mètres d’épaisseur) en contact direct avec l’atmosphère libre, l’espace sous influence solaire, un écosystème. Elle a suivi un stage pour grimper dans les arbres et lui permettre de placer en haut des arbres un boîtier électronique qui captera la température, l’humidité, le son et la luminosité. A moins qu’elle n’utilise la technique du lancer de micro avec un fil à pêche. En plus des relevés météorologiques et végétaux, on entendra dans son installation le son de la canopée.
Maya Berezowska se dit observatrice infiltrée, amoureuse des phénomènes, tentant de comprendre nos rapports avec le monde végétal.

JPO

Née en 1993.
Vit et travaille à Bruxelles.

berezowska.maya@gmail.com

Falciforme, hastée, pennatilobée, palmifide, elliptique, obcordée, oblongue, cordée, deltoïde, lancéolée, linéaire, lyrée, oblancéolée, réniforme. Unifiées et dessinées par les botanistes, les limbes de feuilles sont classées et ont un nom.
Ces formes sont ici reprises et constituent un début de collection de ces membranes responsables de notre possibilité d’exister. C’est une appropriation spatiale de la faculté imaginative de la plante.
Agrandies, épaissies, elles reproduisent sur le mur de chlorophylle, la planche du botaniste. Elles deviennent éléments d’architecture, envisager ainsi la feuille sous un autre angle que fine et aérienne, mais donc épaisse et lourde.
La céramique rejoue la fin de la vie de la feuille par le dessin botanique, grâce à la modification de la composition chimique de la faïence pendant la cuisson de la terre : le liquide de la coulée devient atome figé de la même manière que la feuille de la plante devient dessin commun à plusieurs espèces.

Le Lexique des limbes

2018, 14 céramiques en faïence blanche sur mur de chlorophylle, 350 x 240 cm

Connexions

2016, 20, cadres, 20 semences paysannes, 20 contenants en faïence blanche émaillés, 20 pots de dimensions variables, édition, , dimensions et localités variables

Cette série de dessins très composés est la première manifestation du végétal et du minéral dans mon travail. Ces derniers sont accompagnés de phrases déclaratives telles des slogans entre urgence et rêverie ainsi que de photographies découpées.

Les Mues

2017, acrylique et photographies sur papier Canson , 50 x 70 cm

En langage scientifique, la canopée est l’étage supérieur de la forêt en contact direct avec l’atmosphère libre. C’est par cette définition qu’est née l’envie de dialoguer avec cet espace peu accessible et exploré que récemment par les scientifiques.
Les expériences ont débuté avec des enregistrements sonores, captés en hissant le matériel ou en utilisant des micros piezos le long des troncs. S’ajoute aux sons la captation de données météorologiques (luminosité, humidité et températures) en direct de l’arbre le plus proche de l’installation, comme une possibilité d’être dans les cimes. Enfin, un diffuseur diffuse une huile récupérée par distillation d’épines de pins.
Cette installation rejoue de différentes façons le principe de verticalité, propre aux arbres, elle place le regardeur aux différents étages possibles et propose des projections à plusieurs niveaux.

Canopée

2018, installation (son, diffuseur d’huile de canopée, écran de données météorologiques en temps réel), dimensions et durée variables

Série de dessins réalisés sur une base de sérigraphies de plantes. Les plantes sont ramassées et sélectionnées pour leur caractéristiques esthétiques et holistiques. C’est suite à leur olfaction par huile essentielle qu’est construit le dessin. Deux espaces sont habités, celui de la projection mentale par la plante, et celui, plus contrôlé de la composition du dessin.

Synesthésies botaniques

2016, sérigraphie, acryliques sur papier Canson, 90 x 120 cm

“L’« âme végétative » ne serait pas une vie sans faculté imaginative, mais la vie dont l’imagination produit des effets sur la totalité du corps de l’organisme — jusqu’à lui donner sa forme — et dont la matière est un rêve sans conscience, une fantaisie qui n’a pas besoin d’organes ou de sujets pour s’accomplir.” (La Vie des plantes, une métaphysique du mélange, manuele Coccia, Bibliothèque Rivages)

Ces céramiques sont des recherches sculpturales autour du fonctionnement végétale. Sessile, autotrophe, radical… comment appliquer ces notions à la céramique ?

Comment pousse une sculpture

2016, grès blanc chamoté, dimensions variables