Sans hésiter elle peut choisir la peinture à l’huile pour se représenter de façon classique, en femme décapitée qui pourtant, très sage, prudente, garde toute sa tête entre ses mains. Ou bien, dans Agamemnon, modeler des visages avec des centaines de papiers dorés provenant de sa consommation extravagante de bouillons Kub or de Maggi.
Pour une vidéo, il lui est déjà arrivé de fabriquer un squelette en pièces détachées, pièces réalisées soigneusement l’une après l’autre, en végétaline, toutes posées sur un socle en éponge et, pour le son, d’enregistrer, subtiliser le bruit de la machine (ce terrifiant son d’excavatrice) qui réalise les travaux dans le métro du film Fellini-Roma, (au moment où l’on découvre les fresques qui disparaissent au contact de l’air frais), pour l’échantillonner et ensuite en jouer, l’harmoniser, l’arranger, musicienne (sa formation de conservatoire) et ainsi transformer ça en bande son, à la fois oppressante et apaisante. Dans son mémoire il était d’ailleurs question du leitmotiv musical, de la musique de Richard Wagner jusqu’au jeu vidéo en passant par les films d’horreur.
Elle peut aussi sculpter des bouchons pour les transformer en mini sculptures de déesses, figures totémiques, nouveaux idoles (Vénus) ou bien, plus tard, dans l’atelier, avec grande attention et sérieux peindre à l’eau de Javel sur un drapeau noir un bras très musclé qui n’est bandé, ce bras, que lorsqu’il y a du vent et qui se débande lorsqu’il n’y a plus d’air (à l’inverse des fresques dans Fellini-Roma qui, elles, au lieu de se gonfler, se détruisent à l’air libre).
A l’eau de Javel toujours elle figurera sur un parapluie (comme s’il fallait sortir protégé), plutôt joueuse, des scènes pornographiques très réalistes, très explicites.
Avec une technique de peinture très classique encore, dans Icône-trans, Elvire Ménétrier peint sur fond d’or un icône où est représenté un transsexuel qui laisse dépasser de ses cuisses un signe de genre.
Elle qualifie avec pertinence son travail de malaise harmonieux.