Il ne déteste pas la mécanique et fabrique des installations composées de machines, d’objets, de sculptures et tout est réalisé avec des matériaux de récupération, des objets trouvés dans la rue : des bonbonnes de gaz, des moteurs de réfrigérateur, radiateurs de voiture, chaînes de vélo, tuyaux de jardin, moteurs d’essuie-glace, fûts métalliques, pulvérisateurs.
Il a un faible pour l’utilisation du moteur de réfrigérateur.
Des appareils se retrouvent au service d’une action inutile comme un arroseur d’air (avec extincteur) ou pour produire un bruit (le pftt-pftt de l’arrosage automatique), reproduire le son d’une respiration humaine (Expiration), lâcher un souffle… Toutes avec moteurs de réfrigérateur ces machines déploient tant d’attentions et de techniques que le résultat peut paraître vain ou magique, comme celle qui émet un peu de brume, dans la pièce intitulée Teruaporea. A Tahiti, c’est le trou du souffleur, un Geyser maritime au-dessus d’une grotte sous-marine prolongée par une cheminée. Pénétrant la grotte sous-marine, les vagues font jaillir par ce trou un geyser qui, selon la force de la vague, provoque un souffle bruyant assez spectaculaire comme s’il y avait une baleine souterraine.
Dans Ça sent le gaz Ariioehau Michaud propose une construction sophistiquée pour obtenir l’odeur du gaz sans en utiliser. Suggérée par la présence de bonbonnes de gaz qui renvoient inévitablement au risque d’explosion, la sensation de danger n’est pas absente de son travail. Parfois il s’agit de la surprise de l’explosion, comme dans Eclosion, où il a fabriqué une boîte en béton contenant une chambre à air qui se gonfle peu à peu jusqu’à ce qu’elle éclate et détruise la boîte, à la façon d’un monstre mécanique qui casse sa coquille. C’est une performance de machine.
Il se sent proche de Roman Signer, de la mélancolie absurde de Michael Sailstorfer ou des machines sculptures d’Arcangelo Sassolino.
Ces machines sont presque humaines, à force de souffle, d’esprit, de respiration, d’expiration, à force de mouvement et de bruit. Et dans l’ensemble, avec leur magie, comme une manière de vie inquiétante.