Entre chaque round de match de boxe, il y a une pause de 1 minute pour que les combattants récupèrent et que les entraineurs donnent des conseils pour le round suivant. Ce moment intensif et fugace est montré à la télévision et dans les films de la même manière : le visage du combattant perdu par la pression et la fatigue physique, entouré par ses coachs qui l’hydratent et l’encouragent. Ce plan presque traditionnel créé une tension dramaturgique,
le combattant devant reprendre le combat à tout moment.
J’ai recréé cette pause sportive dramatique que j’ai étendu à l’infini en amplifiant l’éclairage et le jeu
des entraineurs. J’ai modifié certain décors pour transmettre l’humidité et la moiteur de la scène.

DEK

Avant de réaliser cette vidéo, je prenais des photos de gens faisant du JiuJitsu brésilien. J’aimais beaucoup les contrastes des muscles, les plis du tatami, et les croisements de jambes, cou, bras. Pendant cette période, je pensais beaucoup à la la manière dont Francis Bacon exprime la violence. Dans ses tableaux il y a des parties très violentes mais pas forcément figuratives. Avec le gros-plan en format 16:9 on ne comprend plus les mouvements, seules la force et la résistance musculaires restent. J’ai rajouté des bruitages de frottements de peau contre peau et de peau contre cuir pour accentuer la tension de la matière.

DEK

C’est une technique d’étranglement dans le JiuJitsu brésilien appellée le “Rear Naked Choke”. J’ai fait l’expérience d’une perte de conscience à cause de coups lors d’un combat. J’ai perdu 30 minutes de mémoire après mon K.O. bien que je me sois relevé directement après être tombé. C’était une expérience très étrange.
Je me suis laissé étrangler pour recréer cette expérience en gardant la caméra attachée à la main pour voir le contrôle de caméra sans conscience. Après m’être réveillé, je me suis demandé qui est ce gars et pourquoi il me réveille.

DEK

En été 2017, je suis retourné à Busan en Corée du sud pour voir ma famille. Pendant ce
temps-là, j’ai été très souvent voir l’Espace Lee Ufan au Busan Museum of Art. J’aime sa manière de créer une relation entre des objets/sculptures dans un espace vide et leur relation par rapport à moi. Ca me rappelle le sentiment que j’ai seul devant une statue de Buddha dans un temple bouddhiste silencieux. Je me souviens bien de l’image de la tête de la statue immobile. Cette tête me faisait rester regarder. J’ai rétroprojeté ce portrait vidéo qui ne fait rien, infiniment, sur un grand écran. En face, j’ai placé à un mètre une cabine que j’ai construite qui isole les sons alentours. À l’intérieur de la cabine, des enceintes retransmettent un son de respiration au niveau des oreilles, et au sol, les vibrations de battement du cœur. Le spectateur peut regarder ce portrait et en être plus proche à travers les sons.

DEK

Pour préparer les décors ou les effets spéciaux pour un tournage, il faut beaucoup de travail manuel. J’ai décidé de filmer certains gestes de bricolages et de les mélanger avec les plans du produit fini. Pendant la production je remarquais qu’il faut faire des gestes de fabrication brutaux pour faire une scène brutale. Les sons qui accompagnent peuvent aussi contrôler le niveau de brutalité.

DEK