En photographie comme en vidéo, elle recherche des ambiances, des climats, pour questionner, interroger, sonder, le monde si ordinaire qu’il peut en devenir étrange, dans des espaces à la fois aussi familiers que bizarres où on aurait envie d’enquêter et d’en savoir plus.
Dans ces atmosphères l’occupent en particulier la lumière et le temps.
Et le trouble (au sens de l’équivoque), l’étrangeté, la préoccupent.
Ses vidéos sont proches de la photographie et de la peinture.
Son outil premier, son style, sa façon, c’est la lenteur.
Elle traite l’éclairage, le jeu avec l’éclairage, avec une forme de prudence, comme si la lumière devenait par moments l’actrice principale, le sujet et l’objet. Comme si, en la baissant de façon imperceptible, presque invisible, jusqu’à ce que l’on ait conscience qu’elle est en train de disparaître, de s’évanouir, la lumière pouvait devenir complice.
Une espèce de tranquillité, de calme, qui, à force, si l’on prend le temps de regarder et d’être là, n’est pas du tout apaisante.
L’extérieur est occulté dans ces huis clos, ces intérieurs domestiques où l’on retrouve une télévision, des jumelles, une fenêtre fermée. Tout est si calme, tout pourrait être si terrifiant.
Elle aime la boucle, la répétition, l’attente, le hors champ, l’absence.
Après la lumière, l’espace est le second personnage. Elle recherche des effets d’espace mais sans rien affirmer, préférant le processus au sujet. L’objet et le décor sont des indices, des éléments de narration.
Lucile Brun se sent proche des natures mortes, des vanités, de David Claerbout (Le Moment ou The Shadow Piece), de Bill Viola, de Vermeer, d’Alfred Hitchcock (son travail sur les indices et sa façon de conduire le suspens).
Le mot contemplation lui conviendrait bien aussi.