Voilà un sculpteur qui, par la cuisson, expérimente la résistance des matériaux autant que leur souplesse. Il utilise du bois pour les coffrages, du carrelage, du métal, du plâtre, du goudron, du caramel, de la résine.
Il aime se défier, se provoquer, voir ce que cela va donner, comme pour découvrir une chose qui le surprenne. Le défi et l’incertitude le motivent.
La cuisine n’est pas absente de son travail. Avec de la farine, de la levure, des œufs, il peut faire des madeleines et en remplir un moule en plâtre réfractaire ayant la forme d’une statue grecque, à la façon d’un kouros, cette statue grecque de jeune homme, à taille humaine. Mais, loin de la beauté grecque, cette statue pourrait s’apparenter à un monstre, un golem dont le caractère inachevé semble habituellement admis.
Il a donc fabriqué un four alimenté par quatre fours de cuisine pour donner vie à cette chose.
Mais il n’y a pas que les madeleines dans sa vie, il y a aussi les bonbons. Ainsi a-t-il pu créer une forteresse avec des bonbons gélatineux. Il utilise aussi le mycélium de pleurote. Placés dans des moules sous forme de filaments blancs, les champignons se développent dans de la sciure de bois et du compost et fabriquent une sorte de ciment naturel.
Il se sent proche de Brancusi pour la beauté de ses formes. Ou de Piero Manzoni pour sa remise en question de l’objet d’art (utilisant des excréments ou de la fourrure de lapin), de Mark Manders (les pièces souvent mystérieuses, macabres) ou de Fabien Léaustic pour ses monolithes en tissus tendus « imprégnées » de phytoplanctons qui se développent durant l’exposition.
Lucas Vidal recherche le périssable dans le solide, presque l’éternel.
Les similitudes de formes, les analogies, l’intéressent. Au besoin, il créé des rapports, des affinités. Il projette aussi.
Il n’en est pas moins sentimental.
Sur du carrelage (des azulejos), au laser, il a gravé des photographies : une façon de figer le souvenirs de ses amis dans de la matière.