Raphaël Barrois
Que ce soit en peinture, en sculpture ou en vidéo il maintient toujours un lien fort à l’autobiographie et ses pièces viennent la plupart du temps de son histoire ou des films qui l’ont marqué. Qu’il soit né en Erythrée n’a pas été sans influence sur son travail au point qu’il souligne lui-même volontiers, quand on l’interroge sur sa production, travailler souvent autour et sur des questions de double culture, de double appartenance, d’identité… Chez lui ce n’est pas une plainte. Plutôt un constat. Bien qu’il ne soit pas particulièrement distrait, il a découvert qu’il était noir à Istanbul, lors d’un voyage en Turquie à l’âge de seize ans quand on l’a empêché d’accompagner son amie blanche dans une discothèque.
L’identité est au centre de son travail tout autant que son désir profond de fixer l’intangible, l’éphémère, le fugace, d’arrêter au moins un instant ce qui est en train de disparaître, ce qui va se perdre et périr.
Parmi ses pièces on peut trouver Ipséité, une couverture de survie avec des feuilles d’or, comme si survivre était de l’or.
Dans À vif , ce sont des lattes de parquet brûlé figées pour les empêcher de disparaître.
Dans Unité, une flaque d’eau fixée en verre (il est compagnon verrier) où les spectateurs peuvent se refléter et où il espère capter ce fugitif.
Dans Interdépendance ce sont des tableaux d’une couleur rouge comme la terre d’Erythrée qu’il passent régulièrement au chalumeau à sa façon : l’oxygène est coupée et il ne reste que l’acétylène qui noircit la surface. De couleur rouge à l’origine, ces tableaux deviennent au fil du temps de plus en plus noir, recouverts de fumée, un noir très fragile qui ne se fixe jamais (ce serait presque un titre).
Il se sent proche de David Hammons (bien que loin de son discours) et de Bill Viola.
L’an prochain Raphaël Barrois sera à Berlin.
Né en 1988.
Vit et travaille à Berlin.
raphael.barrois@villa-arson.school