Gaby Huneau
Elle réalise des photographies dans un studio photo, un lieu auquel elle est très attachée. Avec son oeil glossy/grinçant, elle crée des pièces marquées par le malaise, le dégoûtant, l’écœurant. En résumé : une séduction repoussante. Elle aime faire dialoguer images (photos et vidéos), sculptures, installations
(pour lesquelles elle utilise du bois, du métal et de la peinture pour la construction de ses décors). Elle apprécie le travail de Mika Rottenberg (ses corps hors normes), Pamela Rosenkranz (son utilisation de la vision, l’odorat et l’ouïe), Rachel de Joode (entre physique et virtuel), Guy Bourdin (photos
provocatrices), mais aussi le cinéaste David Cronenberg, (l’horreur, le fantastique, la science-fiction) ou Pedro Almodovar avec La piel que habito. Le corps est au centre de son attention. Dans la photographie: Épreuve du lisse, deux mains se modèlent jusqu’à disparaître l’une dans l’autre. Puis dans la vidéo Crispy sound apparaissent des mains aux prothèses ongulaires monstrueuses. Les prothèses ne la laissent pas indifférentes, ce qui se malaxe aussi : pâte à modelé, pâte à pain, slime, latex, gélatine…
Dans la performance/installation Déviation viscoélastique, non sans rappeler un glory hole, le mur de la galerie est percé de trous d’où dépassent des mains qui malaxent du slime, pâte visqueuse qui ne colle pas, très en vogue sur youtube. De couleur violacée le slime utilisé dans la performance est proche d’un beefsteak en latex. Chaque paire de mains malaxeuses a un geste différent: les unes malaxent à la façon de pizzaiolos, d’autres comme des sculpteurs ou d’autres plus brutales dans l’urgence sale. À la fin c’est folie générale et la matière est pulvérisée dans l’espace, en contraste avec la propreté des murs et des photographies (souvent situées dans un univers médical, clinique proche de 2001, l’Odyssée de l’espace film de Stanley Kubrick). Les prochaines pièces de Gaby Huneau seront à nouveau entre le fascinant, l’inquiétant et le répugnant.
gaby.huneau@villa-arson.school