Robbie est mon guide. Je l’utilise pour accompagner l’auditeur dans la différentes strates sonores que j’explore, pour le rappeler à sa vaine condition de regardeur, pour le faire passer du rire au malaise. Robbie est un acteur, un performeur, un chef d’orchestre, un trouillard empoté mais violent, c’est l’incarnation d’une écoute.
Robbie c’est également la possibilité d’effacer ma position d’artiste sonore en cherchant une certaine physicalité dans le son en l’activant, en le jouant, en l’incarnant, pour mieux le laisser exister: l’hégémonie visuelle enfin au service de l’écoute. Il est mon vecteur d’émotion.

LB

Construite autour d’un speaker Leslie (haut parleur rotatif), cette sculpture illustre le
moment d’assourdissement que l’on ressent avant de tomber dans les pommes. Une
fréquence de 4000Hz (correspondnant plus ou moins au son que l’on entend lors du
dit malaise) est diffusée à volume croissant dans le haut parleur. La cage à une ouverture tournant autour du speaker provoque un effet doppler sur la fréquence pure,
la faisant traverser à 45 tours par minute l’espace devenu résonnant. Il en résulte la
perte de la possibilité d’identification de la source sonore, renforçant l’effet de confusion
initialement produit par la haute fréquence.
La Nightmare Machine ne se livre cependant pas tout de suite, elle est en effet
plognée dans le noir jusqu’à son solo de fréquence, et c’est grâce à une lumière rouge
angoissante que l’espace s’ouvre sur ses résonances stridentes.

LB

Hybride de performance slash spectacle slash concert, il s’agit (actuellement) du moment de monstration de mon travail.
Bien que pensant mes pièces comme des entités autonomes, je m’intéresse surtout à la confrontation de leurs univers fictionnels, de leur potentiel sonore. Chaque pièce est en effet pensée comme une sorte de porte des étoiles, qui emmènerait à chaque fois vers un monde différent, grâce au phénomène de réverbération (la reverb est en effet pour moi un moyen d’amener un autre espace dans l’espace de monstration, en exploitant ses propriétés soniques et physiques d’origine).
Avec A Stag Party, je tente donc de donner à écouter successivement chaque univers, en les activant à la manière d’un chef d’orchestre, sur une trame sonore (A Stag Party OST).
C’est là qu’intervient Robbie. Il y est en effet le seul performeur, et vient donc créer le lien entre mes réalisations plastiques et l’OST.
Ce moment est pensé spécialement pour la partie souterraine de la villa arson, autant du point de vue sonore que de
l’accrochage, espace duquel je tente d’exploiter les qualités et les défauts (la scène est également filmée et rediffusée en temps réel dans l’espace du dessus, pour permettre plus de lisibilité dans l’hypothèse d’une trop forte affluence d’auditeurs).

LB

Une comptine chantée par des enfants est diffusée via un speaker de contact dans
une plaque de métal, utilisant les mêmes principes que ceux de la plate reverb (effet
de réverbération en deux dimension). Une image de regard, provenent d’une vidéo
de l’artiste Bernard Parmegiani, est gravée au milieu de la plaque; elle fixe alors le
regardeur avec un air accusateur.
Cette pièce est une tentative d’incarnation de l’hégémonie de la vision par rapport
à l’ouïe : L’oeil écoute, vidéo de laquelle est tirée l’image du regard, est en fait la
première vidéo créée pour illustrer une composition sonore, renversant ainsi le traditionnel rapport image slash son ; La plaque, vierge au premier regard,
révèle son air lorsque l’on s’approche pour mieux voir. C’est là, en nous fixant, qu’elle se met à chanter comme un enfant.

LB

Des micros piezos sont fixés sur le vibraphone en lame et viennent enregistrer les impacts que je produis en les jouant.
Le son ainsi obtenu est ensuite envoyé dans un système modulaire harmonisant le son, pour être enfin diffusé dans des speakers placés sur le fond de la cantine. Ce son diffusé fait vibrer les lames de scie, et est alors capté à nouveau par les micros piezos, créant ainsi un feedback harmonisé sortant de la malle. En jouant slash tapant slash frappant ce système simple de feedback, je tente d’obtenir différents timbres de noises acérés, ressemblant parfois autant à des hurlements d’agonie qu’à des voix angéliques, surgissant de cette version industrielle du coffre à jouet d’enfant.
C’est le début du malaise, le moment où la violence de Robbie éclate en lames de bruits stridents, en gestes inconscients puis en gouttes de sang.

LB

(Bunny Overdub) est une collection de caméos, de clins d’œil, de parasitages sur invitation pouvant altérer n’importe lequel de mes travaux.
Ce n’est pas le White Rabbit d’Alice aux pays des merveilles mais bien Luca dans son costume de lapin rose qui hante mes travaux. Il se comporte comme un spectateur augmenté de mes performances, de mes vidéos, puisqu’il a le pouvoir de se balader dedans. Ceux-ci sont sans bornes car il peut choisir d’être tour à tour tangible ou numérique.
Le lapin rose vient réécrire/overdubber son/les histoire(s).

JC